samedi, janvier 20, 2007

Un manteau en été


Pas vraiment de rapport avec le titre. C'est une phrase qui m'est restée dans le coin de la tête, et que je n'ai pas réussi à caser dans une poésie. Donc à la place d'un poème, quelques textes écris dans la voiture, en voyage pour une abbaye montagnarde. Juste un allé simple, je n'ai pas fait de retour approfondis -possibilité de changements, donc, quand j'en aurais le courage.
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Il est vraiment désolant de constater qu'il n'y a pas d'absolu dans le bonheur, pas de long terme. Aucun chemin ne mène à une félicité totale. Que se soit dans le sexe, ou dans la chasteté, dans le travail, ou l'oisiveté, dans l'art, ou dans les institutions. Dans la drogue. Dans la religion. Dans l'athéisme. Il y aura toujours une épine quelque part, un essoufflement douloureux, un étouffement dégoûté. Oh bien sûr tout le monde est au courant et l'a déjà expérimenté, mais je sais pas, j'avais besoin de le formuler. Comme une excuse? Peut être: nous considérons toujours les défauts de nos choix comme une trahison, sans doute parce que pratiquement tous sont pris contre quelque chose, contre un adversaire dont ils ont besoin pour s'épanouir. Face à leurs taches, on a l'impression d'entendre les "on l'avait bien dit" des autres. Les autres. Eh bien qu'ils aillent se faire foutre. Sans blagues.

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Tout se qui existe a un intérêt, et tout intérêt est programmé pour disparaître. C'est dans l'essoufflement qu'est la dynamique de la société, une invitation à aller voir ailleurs; donc au mouvement. Le changement est la condition de l'éternité.
Ainsi je me souviens d'un journaliste qui disait et répétait que la politique, c'était l'ambition (dans les lois, dans les structures économiques) du long terme. Je ne pense pas que ce soit vrai. Toutes les réformes finissent par imploser. C'est logique, elles ont de substance les mêmes ficelles que les caprices de notre condition mortelle. Il faudrait toujours mettre en place les réformes en prévoyant en même temps celles qui succèderont. On pourrait même finir par arriver à la stabilité: à un système fonctionnant par deux programmes, qui s'alterneraient, comme un tournois de ping-pong.
(Je rassure le lecteur, je ne développerai pas cette thèse plus profondément)

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C'est peut être la bisexualité qui amène instinctivement à changer, piocher, tout tester. Trouver un intérêt à chaque chose (*). Il y en a, j'en connais, qui prennent leur pied à rejeter en bloc des idées, des cultures, des théories et des idéaux. Ils sentent un pouvoir identitaire qu'ils font bander avec tout ce qu'ils peuvent trouver dans leur cours de la semaine, ce n'est d'ailleurs presque qu'à ça que leur servent leurs connaissances. On apprend les propos d'un philosophe, par exemple, et on apprend ensuite sa contradiction; on prend alors position pour l'un (impression d'implication, impression, que ce choix conditionné prouve la force de son caractère), et on dira de l'autre qu'il est stupide. Ca me troue. "Stupide", ou "inutile", ou encore "à ignorer". Minable. Minable, et pourtant très fréquent. J'en connais de très sympathique qui ont la furieuse manie d'insulter celui qui n'aura pas la même vision du monde, les mêmes idées politiques (alors que tous les partis ont des qualités (quelques uns, non?) et beaucoup de défauts). J'ai un ami qui trouve "stupide" toute interprétation de la Bible qui n'est pas passé par les oeillères de l'Eglise. Il y en a même qui méprise toute forme d'idéalisme -enfin, pas vraiment le fond de ces idéaux, mais le fait même d'idéal. Ce n'est "qu'un genre qu'on se donne", pour eux. Héritage direct de l'école, où tous "genres" étaient à bannir, où toute initiative d'identité (de différenciation) était considérée comme puérile. Un tel mépris de l'identité ne peut entraîner qu'un mépris des idées. Mais je me demande vraiment comment ces stérilets sur pattes peuvent se permettre de cracher sur des idées, ces choses mystérieuses qui naissent de la confrontation entre le moi et le monde, ces apparitions dont la mise en forme contribue à broder un portrait de l'humain. Comment ces ratés qui conspuent Freud ou Sartre, par exemple, peuvent ne pas se rendre compte que même au bout de leur 10ème vie ils n'arriveraient pas à atteindre la cheville de leurs travaux, de leur réflexion...?? Au début j'ai pensé au besoin instinctif qu'ont les humains de mépriser en bloc et sans appel une chose, mais en fait non, c'est avant tout de la bêtise et de la prétention. Et quand bien même les idées sont incomplètes, ou erronées, en quoi ça donne un quelconque statut à ces gens là? Ce n'est pas avec la vérité qu'on fait avancer le monde, c'est avec sa recherche. La passion de sa recherche.

((*)En fait je n'y crois pas, mais j'aime bien mettre toutes les qualités sur le dos de la bisexualité, ça énerve ceux qui ne le sont pas)

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Et Godspeed You Black Emperor est le meilleur groupe de rock du monde. On ne le dit pas assez. Mais me connaissant, je suis sûr que si ce fait était reconnu, je m'empresserais d'aller chercher un autre meilleur groupe du monde.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Un manteau en été pour garder sagement cachée la chair désirée, parce que chaque été n’est pas celui espéré, lorsque le temps n’est plus un atout, que la chaleur bourdonne, et que le reste est encore à découvrir.
L’absolu se fragmente en milliers de vérités dérisoires qu’il ne nous reste qu’à approcher, à caresser d’un doigt maladroit pour avoir l’illusion d’accéder au bonheur, gestes qu'il faut sans cesse réitérer pour ne pas oublier.

J’écoute, je découvre, Godspeed You Black Emperor et je trouve que c’est agréable, en évitant soigneusement toute classification!

MC a dit…

Alors là je ne te suis pas du tout. Sur ton relativisme bizarre, "tout a du bon". Je comprends même pas qu'on puisse dire ça. Surtout que c'est une contradiction performative, si tu me permets. Tu dis "tout a du bon, mais y'a quelque chose qu'est nul, c'est ceux qui trouvent que tout n'a pas du bon. Mais tout a du bon".

Anonyme a dit…

mc a raison... tu dis tout et n'importe quoi, atreides... on dirait du mc

Hannibal Volkoff a dit…

Mais non, NR, je n'ai pas dit que tout était bon, j'ai dit qu'il y a un intérêt en chaque chose (que ce soit le nazisme, le judaisme, mon existence ou celle des godes électriques). C'est au contraire un discours anti-absolu, puisqu'il implique que tout a aussi ses défauts, comme je le dis dans la première partie.
Il y a juste une chose dont on peut se rendre compte, c'est que les qualités durent souvent moins longtemps que les défauts.

QUant à "ceux qui trouvent que tout n'a pas du bon", ce n'est pas sur eux que je me mouchais, mais sur le lambda sans talents qui se permet de mépriser des théories (inoffensives) ou des idées.
En fait, cela concerne beaucoup de monde, il ne faut pas se sentir visé parce que c'est le comportement que je trouve abject, pas forcément l'individu.
Mais par exemple, dire du haut de son XXIème siècle, que l'existentialisme est nul, que la psychanalyse ne vaut rien, que les surréalistes et les soixante huitards sont des crétins, je trouve ça désolant.

Je ne crois pas avoir assez bien expliqué dans mon texte, mais c'était un premier jet non retouché. Peut être parce qu'un texte inachevé permet le dialogue.

Hannibal Volkoff a dit…

Le temps n'est plus un atout, autre. Nous en avons assez de nos éternelles saisons, de leur cycle routinier ("pour ne pas oublier"?), alors nous en créons une nouvelle.
Quel temps y fait-il? Je ne sais pas, peut être aucun, peut être celui de révéler la chair désirée.

Quels morceaux écoutes-tu de Godspeed You? Ceux de radioblog ne sont pas les meilleurs

Anonyme a dit…

Je n'ai pas tout commpris il ya trop de mots compliqués.. surtout qu'ils sont les uns derieres les autres.
c'est agacant ça, tu m dit de les lire mais que puis je dire

Hannibal Volkoff a dit…

Si la mort permet un absolu dans le bonheur, ça, nous verrons bien.

J'espère au moins qu'on pourra fumer au Paradis

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