lundi, août 20, 2007

"C'était mieux avant"

Le Darfour ou Dior?

Diantre, choix difficile. Mon militantisme forcené me chuchoterait bien à l'oreille quelques longues tirades emphatiques sur l'urgence de la contre-attaque au génocide, mais je suis particulièrement oversurbooké en ce moment. Je vais donc faire comme tout le monde, me pencher sur la nouvelle collection Dior automne/hivers de Kris Van Assche -en me disant, comme tout le monde (ou non), que peut être, un jour, je réussirais à prendre du temps pour le Darfour.


Mais en attendant, une constatation: il y a largement de quoi regretter Hedi Slimane.
Alors que Slimane remuait enivrait nos oreilles de ses costumes, dessinés d'une éjaculation de guitare électrique, mis en poses en de fulgurants clichés aux notes aussi furtives que la jeunesse qu'elle transcende, KVA décide de faire chemin inverse, chemin d'averse. Comme pour se démarquer au maximum, voir même s'excuser d'une possible "dérive Slimane", KVA nous compose un less-is-more d'un classicisme des plus gerbants. Non pas que je puisse avoir quoi que ce soit contre cette base sécuritaire qu'est le smoking, mais je ne peux m'empêcher de voir dans ce choix une offensive, une volonté de se débarrasser d'un passé encombrant. D'un passé, disons, trop désordre. Trop érotique? Certainement: s'il y a bien une chose qui a disparu dans ce nouveau Dior, c'est l'expression de l'érotisme. Les mannequins ont légèrement vieilli, leur androgyne juvénilité envolée avec les feuilles automnales, enfuie sous de nouvelles fringues qui ne laissent aucune place à la bannissable suggestion des corps. Exit leur libération, la rock-attitude (les slims), retour du costume symbole des convenances, lisse et impersonnel, le smoking noir-blanc-gris (ou bien, pantalon-boule, suppression des formes). Une nouvelle ambiance paternaliste présentée par la pose qu'elle inspire: le figement le plus total. Défilé remplacé par présentation, façon tableau officiel. Des mannequins (en cire?), enfermés, dans leur absence de mouvement, enfermés dans le strict ordre du poids traditionnel de leurs costumes upper-class, et même, enfermés dans leur décor. Mais pas n'importe quel décor: celui d'un hôtel, ou plutôt, d'un hôtel d'escabeaux. Nos statues ne sont pas ces rapaces nocturnes qui peuvent encore inspirer un mystère érotique, ce sont juste des corbeaux travailleurs, dont on observe l'apparente perfection comme un patron avec des employés. Un séducteur, ça bouge, ça avance vers les autres; il y a déjà là quelque chose d'inquiétant, à éviter. Et même si l'un d'eux se révoltait, comptait s'échapper, KVA a tout prévu: les mannequins sont coincés entre des murs. En fait, voilà la parfaite illustration de son ambition. Isoler Dior homme entre des murs et un semblant d'échange, froid et utilitariste, entre les fringues et le public. Less is more, less is mort.


Avant:

Après:

Bon, pour le prochain post je ne me suis toujours pas décidé: le Darfour ou Paris Hilton? Les paris sont ouverts.....

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