vendredi, mars 02, 2007

Fusions orgiaques

fusion
orgiaque


Le réel se brouille d'une myriade de pixels désordonnés. La peau du temps, aurait un frisson?


Les images d'en face ont perdu le nord, elles se dissolvent en ébullitions, progressives, envahissantes. Chaque couleur se sépare de son objet, et de ces orifices vides s'échappent les souvenirs comme le tabac d'une cigarette. Fine et longue, de préférence, saveur vanille. Le vide d'accord, mais autant qu'il ait du goût.


Et le foulard se serre, et le noeud se tire. La stabilité des lignes directrices s'essouffle, murmure leurs dissonances brutes, par d'hazardeuses danses aux choregraphies truquées, pas indécis d'aveugle, calmes, calme, calme. On écoute Pink Floyd, et puis surtout, du post-rock, quoi d'autre, Godspeed you! Explosions in the Sky Mono Mogwai, des mélodies qui n'ont plus de refrains ni de couplets, et qui continuent sans destinations, sans même attendre les instruments. Lorsque ces derniers n'en peuvent plus, la musique se compose dans l'air, dans nos objets, dans nos corps. Elle meurt avec nous, on appelle ça un Requiem. Mozart, Verdi, mais surtout Fauré, entendu en concert aux Folles Journées. Requiem, quel joli mot, tiens.


Et le noeud, le noeud se fait amant, c'est tellement beau. Il presse, sans cesser, il faut sortir de cette tête tout son jus, son sperme et qu'en explosant il flotte dans ce nouveau tableau. Dilué dans ses fusions orgiaques. Jusqu'à l'épuration.


Déjà les bulles colorées de l'inédit regard se sont fondues dans la masse. Le noir et le blanc s'imposent. Robes printemps-été de Baptista, camouflages masculins automne-hivers de McQueen; toute l'oeuvre tunique-trèfle, manteau-rosée de Yamamoto. Comme ces tissus le foulard autour du cou se fait caresse, devient le dernier instrument d'une dernière danse. Epuration. Lorsque du monde il ne reste plus qu'une seule couleur, qu'une seule forme, elle se penche sur le garçon et lui donne un baiser.


Le plus beau baiser du cinéma, c'est quand même celui du balcon de Barry Lyndon. Avec au bout de la langue un curieux goût de pantin empoisonné, de mort lente. Mais après tout, si les cadavres sont exquis, nous aurions tord de nous priver de leur festin.


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Post dédié au gamin blondinet avec qui j'ai fait un court métrage en juillet dernier. Il s'est évaporé trop longtemps dans son jeu du foulard, je l'ai appris il y a quelques jours. Le p'tit Icare, qui battait les cils d'un battement de papillon; c'était ses ailes à lui. Je me demande bien comment il s'appelait, d'ailleurs, c'est gênant comme trou de mémoire....




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