lundi, novembre 19, 2007

Pédophilie et instrumentalisation

Il était une fois un groupe facebook s’intitulant «Suspendre les pédophiles par les couilles», qui semble-t-il n’existe plus. Les milliers d’adhérents à ce groupe s’y défoulaient, décrivaient toutes les tortures qu’ils aimeraient infliger à ces gens désirant sexuellement les gosses. Etonné par le spectacle dantesque que m’offrait leur colère, j’ai discuté un jour avec un des adhérents, dont la mère travaillerait à la brigade des mineurs, et lui assurerait donc, d’après sa profession, les connaissances nécessaires au sujet. Je lui demandai ce qu’était, selon lui, un pédophile. Il me répondit ceci : «C’est le vieux qui épie les jardins d’enfants, qui en enlève un, le séquestre et le viol dans sa cave». Voici le début de l’histoire, des enfants innocents, un monstre et son antre, une foule terrifiée.

Mais il était encore une fois, ce petit article dans le journal Métro, dans lequel un pédophile, ancien condamné, nous parle de ce qu'il vit, de ses pulsions et de ses traitements. Sur une demi-page. Il y aborde notamment le calvaire qu’implique son effroyable désir, la violence de la stigmatisation qu'il subit, la manière dont elle rend difficile son aide et sa réinsertion. Tout se complique : le monstre est aussi un être humain.
Un article prenant le courage de nous annoncer un tel fait, surtout dans ce genre de torchon qu’est Métro, ça a le mérite d’étonner. Peut être trop: certainement gêné par le manque de condamnation outragée, le journaliste a cru bon de titrer l'interview d'un "Pédophilie: il faut être plus vigilant".



Soyons donc vigilants. Puisqu’ils sont humains comme vous et moi, ils peuvent être partout, ils peuvent être vous et moi. D’ailleurs ils sont réellement partout –sinon à quoi bon être vigilant. Et si on se surprend à ne pas encore en soupçonner assez, rien ne nous empêche de dénaturer le mot "pédophile" pour accroître le déchaînement des autodafés. Ainsi, au fil des discussions, des remarques égarées, on constate que la pédophilie n'est plus définie par le lambda comme un désir sexuel pour les pré-pubères, mais de manière plus totalisante comme un désir pour les mineurs. Un majeur couchant avec une personne de 17 ans serait donc criminel ; on l'apprend même dans les facs de droits. Mais en ce cas, en quoi la pédophilie est un crime? "On n'est pas aussi mature à 17 ans qu'à 18. La preuve, si c'était le cas, on permettrait aux ados de 17 ans de voter", m'a-t-on dit. Bon, restons sérieux, je ne perdrai pas mon temps à répondre à ce baragouinage de fin de pensée. Je voudrais juste faire noter que le droit se rédige selon des consensus généraux, et que majoritairement, les ados ont des corps aptes à la sexualité dès leur puberté. Alors, pourquoi leur psychisme ne suivrait-il pas? Sans doute parce que les fanatiques de la "pureté enfantine" ont encore tendance à leur apprendre que le sexe, c'est mal. Les plus fragiles récoltent leur névrose, appartiendront plus tard à leur triste système de la débandade. Les autres s'en moquent, baisent et se font baiser par les plus vieux, moi, vous, par moi, par vous, les autres aiment, baisent.
Je pourrais citer beaucoup d'exemples, de cris d'orfraie concernant des jeunes de 14, 15, 17, ou même 20 ans ; leur accumulation, dans leur absurdité, leur décalage, aurait le mérite de nous éclairer sur la raison de la stigmatisation extrême du pédophile: au fond, le pédophile, c'est celui qui vous gêne. Vous ne voulez pas qu'on baise avec votre petite soeur, avec votre fils? Vous ne voulez pas que votre conjoint fantasme sur une jeune starlette? Traitez les intéressés de pédophiles, vous aurez tout de suite la morale publique de votre côté. Faites-lui confiance, elle sait s'adapter à vos caprices.
Voilà, tout se complique encore plus : non seulement le monstre est un être humain, mais en outre, tout être humain peut devenir monstre selon l’humeur de son prochain.

Au fait, comment en est-on arrivé là ? Il est avéré que toute stigmatisation mise en place ou encouragée par l’Etat a pour but l’instauration d’une paranoïa collective, d’une peur irrationnelle permettant la répression exutoire. La paranoïa est un désir de toute puissance, on le sait bien, ainsi que le montre son fonctionnement, de l’auto-persuasion des mauvaises intentions de son prochain à la volonté d’héroïsme dont le paranoïaque croit faire preuve en combattant une peur qu’il n’a pas su réellement identifier. Le rôle de l’Etat est de conforter chaque individu dans sa peur, et de la canaliser contre la menace qu’il choisira. Or une névrose ne s’épanouit et ne se propage telle une épidémie que lorsqu’elle est soutenue par une autorité. On pense ainsi à la moyenâgeuse haine du sexe de la chasse aux sorcières, ou à l’hystérie politique dans le maccartisme aux EU et dans la chasse aux bourgeois en URSS. Chaque personne pouvait être une sorcière, un communiste, un bourgeois. Un être dont il faut se débarrasser. Dès lors que votre voisin vous dérange, vous pouvez prouver sa malveillance ; elle dépend de critères que personne ne maîtrise et ne veut maîtriser (puisque le nom qu’elle porte est un fléau faisant figure de dogme indiscutable), que l’on meut à volonté selon ses désirs. Nous sommes là dans le domaine du sacré, d’une Foi inébranlable en son Jugement personnel et en la divinité du phallus recousant par sa jouissance la castration d’avec l’Etat-mère.
On l’observe, après la désillusion des années peace and love et du libertarisme, dans la terreur du sida et du néo-libéralisme, nous sommes rentrés à nouveau en une période de dépression sexuelle. Le sexe est devenu un vestige d’idéaux désuets, lorsqu’on pensait que le corps pouvait être autre chose que la marchandise d’une entreprise, lorsque que le «cancer des gays» n’existait pas pour faire à côté l’éloge du mariage et de l’abstinence. La fragilité sentimentale de notre rapport au corps a manifestement semblé un bon outil pour créer un nouveau Mal. L’affaire Dutroux est donc tombée, et avec elle, l’arrivée en masse du monstre pédophile. Sans commune mesure avec les phénomènes historiques cités plus haut, je crois vraiment qu’il faut s’arrêter plus longuement sur ce Mal. Par exemple, comment une société entière a pu se passionner pour la grandiose mascarade du procès Outreau ? Comment a-t-elle pu fermer les yeux aussi longtemps sur cet échec, et recommencer par la suite à condamner des innocents dans d’autres procès incohérents ? Quel intérêt peut-on avoir à focaliser l’attention du monde entier sur de telles divagations ? Pour camoufler quoi ?

Je ne suis pas un journaliste, je connais très mal la scène politique et ne pourrai pas donner de réponse pertinente. Revenons plutôt à vous. Pourquoi y croyez-vous ? Pourquoi vous êtes vous laissés persuader que vous avez le droit de foutre en l’air la vie d’une personne parce qu’elle a fait l’amour avec un ado, le votre ou un autre, ou tout simplement parce que vous le soupçonnez de pédophilie ? Excusez-moi de déceler un malaise, une imprécision, un léger froissement dans votre raisonnement. Serait-ce parce qu’il est plus commode d’attaquer le bouc-émissaire que de voir en face vos propres désirs ? Non, ce n’est pas le monstre qui s'est déjà surpris désirer secrètement la prunelle de vos yeux, c’est tout le monde, vous et moi, parfois juste pour une heure, une minute, une seconde. La personne qui me dit qu’elle n’a jamais regardé de toute sa vie avec un soupçon d’attirance les jambes d’une fille de 12 ans, ou un p’tit cul d’adolescent serré dans un slim, je la traite de menteuse. Et pourtant, et justement, lorsque ça se sait, lorsque vous surprenez votre chieur de voisin en cette situation, là vous le traitez de pédophile. Mais vous ne savez même pas ce qu’est un pédophile.








Je vais maintenant me pencher sur un cas qui est arrivé à un de mes amis, Z, 22 ans, qui a récemment été dragué par un pré-ado de 14 ans, T. Ils se sont vu une fois, dans une évidente ambiance de séduction, et en sont ressorti avec tout ce qu'on sait de la fraîcheur des flirts adolescents. La mère de T a fouillé dans son ordinateur pour retrouver leurs discussions msn, l'a forcé à donner les coordonnées de son amant potentiel, a commencé à mettre en place des mesures judiciaires. T ayant 14 ans, l'acte sexuel est considéré comme un viol : "Le fait, par un majeur, d’exercer sans violence, contrainte, menace ni surprise une atteinte sexuelle sur la personne d’un mineur de quinze (15) ans est puni de cinq (5) ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende".

Diantre. Ceci pose plusieurs questions. Qu’est-ce qu’une «atteinte» sans violence, contrainte, menace ni surprise ? Sait-on de quoi on parle, précisément ? Et, quid de l'ado pubère et consentant ? Oh, ça, on s'en fout.
Il y a quelques années on s’était enfin mis à écouter les mineurs de moins de 15 ans, on prenait en compte leurs plaintes d’attouchements avec un inconditionnel crédit, jusqu’à l’arrestation de personnes innocentes. La situation vécue par Z est l’inverse : le mineur a beau clamer haut et fort son consentement, la conscience de ses actes, on écartera sa parole comme un détail pour mieux s’acharner sur le «détourneur». On est passé de la bouche incontestablement innocente à la bouche incontestablement inconsciente. Mais inconsciente, uniquement bien sûr lorsqu’elle ne dit pas ce qu’on attend d’elle.

Parce qu’au fond, qu’importe l’enfant : ce qui compte est avant tout la punition du bouc émissaire, du serpent qui, en encourageant la connaissance du péché originel, serait cause de tous les maux de notre époque. Du pain et des jeux, demande le peuple (le jeu du loup est déjà le préféré des cours de récréation). L’enfant est presque un appât, en fait. Je connaissais d’ailleurs quelqu’un qui, lors de ses 13 ans, a littéralement servi d’appât : lui et son «corps de 18 ans» étaient chargés par la police de faire le trottoir et d’attirer le pédophile. Ou, faire naître un désir semblant à priori normal pour ensuite le châtier. Bande d’abrutis.
Comment cette personne a-t-elle vécu l’expérience ? Pas très bien, je crois. Mais il faut dire qu’il avait déjà été victime d’abus, il était déjà détruit, atteint de cette maladie qu’on appelle le sexe ; tout travail de protection ne servait donc plus à rien. Les enfants ayant eu des rapports sexuels, ça dégoûte un peu, c’est comme s’ils avaient reçu un virus dont on se doute qu’il réapparaîtra plus tard en «perversion sexuelle» (quand ils seront vieux, chauves et édentés). Ils sont irréversiblement malades. C’est pratique, une licence : avant ça permettait de les soumettre à la question, d’encourager à sortir des noms quitte à dénoncer n’importe qui, et à leur faire porter toute leur vie le poids des années d’incarcération de gens innocents. Maintenant, ça permet aussi de les ignorer (ce qui demande moins d’efforts, plus tranquillisant) quand ils ne suivent pas la version de leurs parents. Mais question : comment un pré-ado de 14 ans en pleine éclosion, va-t-il se construire sexuellement si ses premiers choix, qu’il a pourtant aimé, sont qualifiés de viols et finissent par déboucher sur des poursuites ? L’interdiction d’avoir des rapports sexuels avec des ados n’est, finalement, rien d’autre qu’un phénomène massif de censure : censure du corps sexué (d’une sexualité pouvant faire acte, socialement) de l’adolescent ; déni de ce corps, de sa parole et donc de son humanité ; censure de l’évocation du désir de ce corps et surtout du désir pour ce corps, l’une par l’ignorance et l’autre par une stigmatisation à l’imagerie de conte de fée. Les deux entreprises castratrices, s’opérant dans le climat kafaïen des névroses collectives et par le biais d’une violence dont on se refuse ouvertement à mesurer la portée.


J’aimerais poser une autre question : que serait-il advenu si l’histoire de Z et de T avaient été d’ordre hétérosexuelle ? Ca y est, c’est sorti. La mère de T n’est pas seulement une salope castratrice qui fouille dans les mails et les archives de l’ordinateur de son fils, son hystérie n’est pas seulement liée à une question d’âge (chose qu'il faudrait qu'on m'explique, au début de mon adolescence ça me paraissait inconcevable de coucher avec autre chose qu'un adulte ; le sexe aussi est de l'ordre de l'apprentissage) mais surtout au caractère homosexuel du flirt. Elle l’a dit elle-même : si T n’avait pas été détourné par Z, sans doute n’aurait-il pas été contaminé par le virus inverti. «Détourner». «Détournement de mineur», haha, mais détournement de quoi, au juste ? D’une hypothétique et très abstraite innocence, ou bien du droit chemin hétérosexuel ?
On sait parfaitement qu'il y a une instrumentalisation de la pédophilie dans le discours homophobe. Ca remonte à l'amalgame entre pédéraste et homosexuel, à l'éphèbophilie, au modèle grec ou caravagesque. Mais concrètement, dans notre société, non, rien qui ne puisse justifier quoi que ce soit, pas de chiffres édifiants. Cela n'a pas empêché Emmanuel Le roy Ladurie de déclarer: "le fait de confier des enfants à des couples homosexuels masculins ne manquera pas d’accroître encore les risques pédophiliques qui sont déjà en plein essor" (ah bon, on constate un essor de la pédophilie?) ni les manifestants du 31 janvier 1999 de clamer "Les homosexuels d'aujourd'hui sont les pédophiles de demain" (ah bon, on devient pédo en vieillissant?). Ni même l'Eglise Catholique de prétendre combattre la prolifération de pédophiles qui la ronge... en refusant les homosexuels dans les séminaires. Lol, n’est ce pas ? Notons par ailleurs que l'ignorance de la pédophilie féminine est un tabou découlant entre autres de cette homophobie, alors qu'il suffit simplement de se renseigner pour constater que beaucoup des dernières affaires concernent des couples, où la femme est autant active que le mari. Mais on fermera sagement les yeux là-dessus en préférant l’éternel «guide des rapports humains pour les nuls», l’enfant-ange asexué, la femme-sainte-et-passive, l’homme-père-ou-pervers, l’homosexuel-affamé-de-chair-fraiche. 



Il faut aussi rappeler comment le code pénal fait lui-même la distinction entre les «détournements» hétérosexuels et homosexuels : "Les atteintes sexuelles sans violence, contrainte, menace ni surprise sur un mineur âgé de plus de quinze (15) ans et non émancipé par le mariage sont punies de deux (2) ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende : Lorsqu’elles sont commises par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime ; Lorsqu’elles sont commises par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions." Une «atteinte sexuelle» (non, je ne sais toujours pas ce que ça veut dire) sur mineur est donc justifiée ou du moins excusable uniquement lorsqu’elle se trouve «émancipée par le mariage». Foutrefichtre ! Cet article sous-entend que dans le monde extravagant du droit, un père, une mère, un prof, n’importe qui, peuvent porter cette mystérieuse «atteinte» à la chair innocente sous la très précieuse condition qu’ils leur passent l’anneau au doigt –rock’d roll, baby. Comme le dit Saint Paul le sexe est douloureux mais le mariage est le meilleur des lubrifiants. On me dira que c’est un oubli de rectification comme tant d’autres, datant de cette époque où la gestion de nos vies sexuelles n’existait, par le prisme de la religion, qu’en fonction de l’assurance des dynasties – de la société hétéro-patriarcale – du paternalisme. Ou non, on ne me le dira pas formulé ainsi puisque la situation n’a pas changé. Il n’empêche, ils ont bon dos leurs oublis. Mais parions que cette précision deviendra rapidement embarrassante aux yeux des défenseurs de la norme sexuelle (pour ne pas dire «morale sexuelle naturelle»)... lorsque les homosexuels pourront se marier, par exemple...






Si le combat contre les actes pédophiles veut fonctionner, il faut qu'il s'épure des délires hystériques qui le collent à la manière de morpions psychotiques. Aucune des «solutions» proposées ne parait utilisable, justement parce qu’elles sont enfantées par ces délires. La castration chimique, bien sûr, ne fonctionne pas, malgré l’ambition de cette bavure de Bernard Debré, de l’imposer tous les trois mois aux délinquants sexuels (en attendant la castration natale pour tous les "pédophiles génétiques"?). Quant à la proposition de rendre publique les fichiers nous informants du taux de pédophilie de nos voisins, elle est tout simplement dégueulasse. Que proposer, alors ? Je ne propose rien, la pédophilie n’est pas une maladie ni un quelconque symptôme social, elle ne concerne que le cas-par-cas, la jurisprudence. Ce que je veux, avec cet article, c’est rappeler aux gens que leur rapport à toutes ces questions évoquées est complètement voilé, cloisonné, issu d’une manipulation à laquelle ils participent avec la jouissance d’un public assoiffé de sang. Je ne suis pourtant pas le premier à faire la part des choses. Déjà en 1977 fut publiée une pétition contestant un code pénale déjà/encore ubuesque : "Trois ans (de prison) pour des baisers et des caresses, ça suffit", "Si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c'est pour quoi faire?" disait-elle. Le texte est signé Aragon, Bernard Kouchner, François Chatelet, Jack Lang, Félix Guattari, Patrice Chéreau ou encore Daniel Guérin. Plus tard, ce ne sont que Jean Paul Sartre, Michel Foucault, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Robbe-Grillet, Françoise Dolto, Jacques Derrida ou Philippe Sollers qui exigent dans une lettre ouverte la modification du code pénal. La limite juridique de l'âge où l'abus devient consentement mutuel, doit passer à 14 ou 13 ans, et chaque cas doit être étudié avec l’attention qui s’impose quant aux exceptions, c’est à dire ces enfants déjà capables de toucher au fruit défendu. Si le droit ne s'appuie pas sur les études de la pédopsychiatrie et de la psychanalyse (affirmant que c'est avec la puberté (13 ans) que l'ado devient capable d'avoir des rapports sexuels, affirmant aussi l’existence de ces exceptions), alors sur quoi? Les caprices des peurs sociétales? Ce décalage de 1 ou 2 ans en moins peut paraître futile, c'est vrai, au fond c'est pas grand chose. Il n'empêche que cette petite injustice détruit des vies entières.


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Au moment où je termine cet article j’apprends que la Grande Bretagne compte ficher 1 de ses citoyens sur 6, soit 11 millions, et parmi eux la totalité des enseignants du pays. Je vous invite à vous rendre sur le blog BugBrother pour avoir les ahurissants détails. «Nous ne nous sentons pas concernés» vous dîtes-vous. Pourtant vous l’êtes, comme tout le monde l’est dans un système dénué de toute raison.

dimanche, novembre 18, 2007

La pellicule isolée

A l’adolescence mon ambition de voir Bergman. Je me serais caché dans la mer contre l’île de Faro, déguisé en vague, et j’aurais observé le vieil homme composer sa solitude pour germer des rochers, du paysage vide ses persona ses diaphragmes chirurgicaux, l’heure du loup. Je me glisse entre deux éclairages pour y dévisager leur absence de Dieu, la broderie de cette absence en traits flous sur grand écran. Poser sa main dessus, la caresser. Des traits de femmes, peut être, ou bien, des membres d'un squelette structurant le corps de l'île.

Sinon je me noie. Au fond de l’abysse, je rejoins la face cachée de Faro. C’est un iceberg soutenu par la masse de ses fantômes -tumultueux, d’un tumulte silencieux.

Avec une fille nous avions décidé d’y élever des lapins. Pourquoi des lapins je ne sais plus.



(Et quoi pour égaler les araignées - les clous - les vieux dessins animés - les visages échappés des rêves de cadavres pas assez morts - rattachés à la vie par des espoirs inaccessibles - je regrette Bergman)

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