mardi, janvier 23, 2007

Peur bleue



Prendre garde, lorsqu’on contemple
Le bleu de la mer
De ne pas s’offrir aux vacillantes taches
aaaaaaaaDe ses nuages
Aux oeillades hypnotiques, diversion d'un avertissement
Du bleu du ciel
De ne pas céder aux clignements
Hésitants
aaaaaaaaDe ses vagues

aaaaaaaaPassage tumultueux, des turbulences en moi
Devant ces fusions
Devant l'émergence d'un jumeaux hostile
La crainte de la disparition me submerge
Me noie
De bleu

Mais qu’importe : cette peur m’élève
Ma peur est le fragment qui m’achève
Point de rencontre des éléments, apostrophe vers un mot
Encore inconnu –son absence, peut être

Et dans ce tremblement céleste
(arc en ciel, arche en ciel)
aaaaaaaaaaaaaaaTout devient présence
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaViolence
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaCommunion


(poème écrit en partie au LU, le seul bar nantais capable de passer du Ligeti. Je ne comprends pas ceux qui se remplissent d'alcool jusqu'à éclater. Je préfère le tabac/la drogue: au moins lorsqu'on est rempli de fumée, on s'envole. Je préfère ça à l'épanchement.
Et dehors, le vent souffle. C'est une occasion)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Noyé dans tout cet indigo, vous deviendrez pâle, car par delà les grondements marins, il pleut et il ne résonne plus que des raisons de boire (ou de fumer).
Vous pouvez peut-être en sourire et évitez les pièges qui ont des odeurs de piscine.
Craignez-vous ce néant si quotidien, plein de renoncements, de n’être que le spectateur d’espaces bleus et vides et qui ne sont pas destinés à être remplis….

Hannibal Volkoff a dit…

Mais qu'il est bon de craindre, parfois. Longtemps j'ai identifié ma plus grande peur à une scène tirée du film "Princess Bridge": être coincé dans la mer, avec des anguilles tournant autour. J'entends leur cris, je sens leur présence menaçante, mais je ne les vois pas. Au bout d'un moment elles me frôlent, puis m'attrappent par les pieds, pour m'emporter dans leurs abysses. Fantasme très sexuel, comme celui du loup.

Les espaces bleus et vides sont beaucoup plus inquiétant, parce que le bleu cache ce qui pourrait s'y trouver. Des pièges.

Il en va de même pour la société: du rempli qui cache du vide.

Anonyme a dit…

La toute première stophe est particulièrement sublime. Je suis en mal de bleuté, il me manque Homère et les milles voyages, et le crépitement de l'eau, ce poème m'est curieusement réconfortant.

Baron Rouge a dit…

En effet, c'est épuisant de s'évertuer à croire qu'on a une vie.

Ton commentaire est exactement ce que j'ai pensé en lisant le livre que j'amuse à critiquer ! (cf le sous-titre du blog)

La dernière ligne droite : je m'arrête à J + 121.

Hannibal Volkoff a dit…

VD: merci pour le "sublime", c'est un mot que j'aime beaucoup. Tu as donc aimé le début? C'est drôle, je préfère largement les parties suivantes.
Quant aux sirènes, j'aurais du mal à t'aider à les trouver. Peut être en Angleterre, peut être dans les fontaines parisiennes -courtes odyssées, mais non négligeables- où les Anita Ekberg s'olympisent le temps d'un silence.
Je suis sûr qu'Homère a passé sa vie à côté d'une fontaine.

BR: je viens de relire mon commentaire, et je constate que je radote un peu. Triste. En tout cas ce n'était pas une critique négative: j'aimais bien ces longues tartines de futilité dérisoires. Je me dis que je ne suis pas le seul à composer mes journées entre le tabac et les films, entre l'ordinateur et les discussions de bar, entre des courants d'air. Ce sont ces derniers qui permettent de voler. Qu'il apparaît.

Anonyme a dit…

Je suppose que vous avez lu "Une histoire de bleu", de Maulpoix.

Hannibal Volkoff a dit…

Non, je n'ai jamais lu Maulpoix (en général, pour ne pas heurter un auteur, on dit "ça me rappelle untel", la formule prête moins à l'accusation de plagiat^^).
C'était mon ancien style littéraire, passé, dépassé. Entre temps, d'ailleurs, j'ai approfondis mon expérience de l'alcool.

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