Diantre, choix difficile. Mon militantisme forcené me chuchoterait bien à l'oreille quelques longues tirades emphatiques sur l'urgence de la contre-attaque au génocide, mais je suis particulièrement oversurbooké en ce moment. Je vais donc faire comme tout le monde, me pencher sur la nouvelle collection Dior automne/hivers de Kris Van Assche -en me disant, comme tout le monde (ou non), que peut être, un jour, je réussirais à prendre du temps pour le Darfour.
Mais en attendant, une constatation: il y a largement de quoi regretter Hedi Slimane.
Alors que Slimane remuait enivrait nos oreilles de ses costumes, dessinés d'une éjaculation de guitare électrique, mis en poses en de fulgurants clichés aux notes aussi furtives que la jeunesse qu'elle transcende, KVA décide de faire chemin inverse, chemin d'averse. Comme pour se démarquer au maximum, voir même s'excuser d'une possible "dérive Slimane", KVA nous compose un less-is-more d'un classicisme des plus gerbants. Non pas que je puisse avoir quoi que ce soit contre cette base sécuritaire qu'est le smoking, mais je ne peux m'empêcher de voir dans ce choix une offensive, une volonté de se débarrasser d'un passé encombrant. D'un passé, disons, trop désordre. Trop érotique? Certainement: s'il y a bien une chose qui a disparu dans ce nouveau Dior, c'est l'expression de l'érotisme. Les mannequins ont légèrement vieilli, leur androgyne juvénilité envolée avec les feuilles automnales, enfuie sous de nouvelles fringues qui ne laissent aucune place à la bannissable suggestion des corps. Exit leur libération, la rock-attitude (les slims), retour du costume symbole des convenances, lisse et impersonnel, le smoking noir-blanc-gris (ou bien, pantalon-boule, suppression des formes). Une nouvelle ambiance paternaliste présentée par la pose qu'elle inspire: le figement le plus total. Défilé remplacé par présentation, façon tableau officiel. Des mannequins (en cire?), enfermés, dans leur absence de mouvement, enfermés dans le strict ordre du poids traditionnel de leurs costumes upper-class, et même, enfermés dans leur décor. Mais pas n'importe quel décor: celui d'un hôtel, ou plutôt, d'un hôtel d'escabeaux. Nos statues ne sont pas ces rapaces nocturnes qui peuvent encore inspirer un mystère érotique, ce sont juste des corbeaux travailleurs, dont on observe l'apparente perfection comme un patron avec des employés. Un séducteur, ça bouge, ça avance vers les autres; il y a déjà là quelque chose d'inquiétant, à éviter. Et même si l'un d'eux se révoltait, comptait s'échapper, KVA a tout prévu: les mannequins sont coincés entre des murs. En fait, voilà la parfaite illustration de son ambition. Isoler Dior homme entre des murs et un semblant d'échange, froid et utilitariste, entre les fringues et le public. Less is more, less is mort.
Avant:
Après:
Bon, pour le prochain post je ne me suis toujours pas décidé: le Darfour ou Paris Hilton? Les paris sont ouverts.....
6 commentaires:
Je suis désespérément amoureux de la chansons Stars Are Blind de Paris Hilton depuis qu'elle est sortie, et je sais pas bien pourquoi. Donc c'est un bon sujet, moi je dis.
Et puis Dior, c'est en déclin, mon vieux - si tu veux rester dans le classique, parle-nous plutôt de Vuitton, des derniers sacs Gucci qui me font encore mourir d'amour, ou bien si tu veux sophisme-tiquer, transcende un peu D&G : ça devient tellement populaire que c'est le moment de prendre le contre-pied
Justement, c'est du déclin que je parle.
D&G, je n'ai jamais aimé, je ne peux donc pas me complaire dans le registre "splendeur et décadence". A la limite j'ai quand même un p'tit faible pour le mauvais goût de leurs campagnes. Surtout depuis la polémique sur la "représentation de la femme objet". http://blog.bretagne-balades.org/index.php/2007/03/06/895-dolce-gabbana-une-affiche-humiliante-pour-la-gent-feminine
Tu m'as donné une idée de post, tiens.
Et puis, les meilleurs collections du moment: celles d'ann demeulemeester. http://madame.lefigaro.fr/mode/defiles/hommes/5/262-ann-demeulemeester/collection
Ou alors : Paris Hilton ou Ingmar Bergman ? ;)
Dior est mort, même quand Slimane était aux commandes de ladite maison,mais maitenant Dior est pire que mort.
Darfour (je parie juste la tête de Dieu, je risquerais pas mon argent...)
Les deux! Je parle des putes, c'est un sujet qui concerne autant Paris Hilton que le Darfour.
Et oui, mister, je vais aussi parler de Bergman...
Pour répondre à collector, s'attaquer au messie Slimane c'est un crime méritant une éternelle ploucitude. "18:8 A cause de cela, en un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine,"
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