vendredi, octobre 06, 2006

Cantos dépressifs



Pourquoi faut-il qu'en live les artistes soient, pour la plupart du temps, décevants? Pourquoi faut-il que Franz Ferdinand, The Doors, ou Emilie Simon, détruisent leurs chansons lorsqu'ils ne sont plus protégés par leurs arrangements de studio?

Pourquoi l'émission Tracks se rabaisse-t-elle à filmer un guignol prenant son pied à se donner deux ou trois gifles ou à glisser des escaliers avec une planche en carton? Quel intérêt par rapport à la performance de gifles de Marina Abramovic et Ulay (http://www.youtube.com/watch?v=PndmJaStLgQ)? Quel intérêt par rapport aux cascades suicidaires des Jackass? Triste d'observer une émission si fière de sa trash attitude, se dégrader ainsi en sécrétion d'ados attardé....

Et pourquoi les acteurs Antonio Banderas, Brad Pitt, Tom Cruise, Samuel Le Bihan, Keanu Reeves ou Redford, continuent-ils de jouer? Ils doivent pourtant bien sentir qu'on ne veut plus les voir, qu'on veut passer à autre chose... Et s'ils ne veulent pas respecter nos choix, qu'ils aient alors un minimum de respect pour eux même: ne voient-ils donc pas que leurs films sont nuls?? Les acteurs, c'est comme les sportifs, ils devraient avoir des retraites obligatoires.

Mais encore, il y a plus scandaleux: pourquoi les mannequins de Dior ou de Burberry sont-ils aussi moches? Les mannequins laids, ça devrait être interdit, condamné, censuré. Quand une élite tient à ce point sur des choix subjectifs, on évite de jouer à la provocation. Ou alors on ne prend qu'un seul thon, comme chez Nothomb, et on fait de lui la perle rare. Mais en faire une généralité.... quelle idée de détruire ainsi tout un système de valeur.........................

D'ailleurs, à propos de mode, comment peut-on vivre sans porter ces pantalons McQueen, avec une veste noire au col mao, ou ce merveilleux pull prada avec gants noirs??? Plus je me l'demande et plus je trouve que j'ai du mérite. J'espère au moins que le nombre incalculable de privations que ma misérable condition m'inflige me vaudra mes places au Paradis. En attendant, quand est-ce que notre état-providence comprendra que les besoins vitaux qu'il se doit d'apporter aux citoyens, ne sont pas les mêmes pour tous?? JE VEUX UN PULL PRADA


Vous le voyez, je suis assailli de questions de la plus haute importance. L'heure est aux restructurations existentielles.
Et lorsque je me relis, force est de constater que la déception est le sentiment dominant. Je commence à avoir la 'verre à moitié vide' attitude. Aigris, grisâtre, astre gris. Sans doute ai-je vieillis, sans doute suis-je dans cette période de la jeunesse (crise de la vingtaine?) où la sénilité devient la plus exquise des coquetteries, et le ridicule comique de ses apitoiements, le seul moyen de rendre supportable à son narcissisme la fait d'avoir eu 15 ans et de ne pas s'en être rendu compte. C'est cela la tragédie de l'adolescence: on n'en est pas conscient. Ce n'est qu'à la sortie qu'on remarque qu'on n'a pas vécu tout ce qu'on devait vivre, et c'est à ce moment là qu'on devient narcissique. L'obsession de son image n'est qu'une volonté de réparation -au fond, si toute blessure est narcissique, tout narcissisme est aussi blessé.
Mais ce qu'il faut voir, c'est que cette nostalgie est justement ce qui permet d'avancer. L'Eden n'existe que pour servir de modèle et de but. Toute religion est basée là dessus: il y a la jeunesse originelle, et l'égarement dans lequel on erre avant de la retrouver (dans la régression du 3ème âge? Que la folie inconsciente soit un refuge, c'est possible, mais de là à en faire un plan divin... il faudrait qu'Il soit très cynique).

C'était le message déprimé du jour. Je ne suis pas déprimé du tout, mais je ne maîtrise pas forcément l'allure d'un message. Celui-ci a décidé de jouer à la triste figure de bistrot, qu'y puis-je donc?

(au cinéma, c'est différent, forcément. Même dans les mauvais films)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans ton texte je n’ai pas trouvé de «triste figure de bistrot», mais la politesse désenchantée, et le rire de soi-même qui manque à tant de gens. C’est un plaisir -que je me reprocherais presque- de partager une certaine détresse quand celle-ci est exprimée avec tant d’apparente légéreté, le souci d’amuser l’autre et de ne pas peser. «Où se cache la profandeur ?... à la surface » répondait Hugo Hoffmansthal.

La jeunesse est un véritable fardeau. C’est dans notre société un impératif catégorique, de vie ou de mort. Il faut être jeune, comme on va au boulot, comme on prend le métro -pour vivre. Elle est un divertissement qui nous éloigne de nous-mêmes, comme les beaux vêtements... Ce n’est d’ailleurs pas nous, c’est quelque chose qui nous est confié, en dépôt.

Si la vie avec le temps nous enlève bien des choses dont la jeunesse, elle nous en donne d’autres à la place. Il vaut mieux sourire de ce que nous avons perdu, se souvenir des bons moments, et se réjouir de ce qui nous est donné en échange.. ce détachement par exemple, cette élégance dans l’adversité, qu’à l’inverse de la jeunesse la vie ne pourra pas te ravir.

Certains passent leur vie à se lamenter avec aigreur sur ce qu’ils ont perdu – ce sont eux les véritables terreurs qui dans les bistrots se répandent sur les zincs...

Hannibal Volkoff a dit…

Merci, Sansblogfixe
Tu as remarqué, comme moi après coup, que la déception des autres n'est que le reflet de la déception de soi.
En ce sens les terreurs de bistrot ont leur utilité: on les écoute, on oubli à travers eux, et puis on les plaint, on compati avec ce soupçon de joie que l'on éprouve face au malheur d'autrui.
Le malheur d'autrui, qui ne nous intéresse que pour oublier les notres.

Il serait intéressant d'en savoir plus sur toi, Sansblogfixe (sur Métamorphose, bien sûr)

Anonyme a dit…

Tres beau blog.
L'auteur est plein de talent... Cela donne envie de le rencontrer et de poursuivre la discussion de vive voix. Merci pour ce moment de bonheur

Anonyme a dit…

Tres beau blog.
L'auteur est plein de talent... Cela donne envie de le rencontrer et de poursuivre la discussion de vive voix. Merci pour ce moment de bonheur

Pages